Ivo Andrić

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I. Andrić (dessin de Zuko Džumhur, 1974)

 

Dossier spécial :
Ivo Andrić

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1920

 

 

 

 

 

 

 

 

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1922

 

 

 

 

 

 

 

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A la montagne

 

 

 

 

 

 

 

 

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Andrić dans sa bibiliothèque

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le monument à I. Andrić à Belgrade

 

 

1892-1903

Ivo Andrić est né le 9 octobre 1892 à Travnik, en Bosnie, dans une famille catholique. Après la mort prématurée de son père, Antun, sa mère, Katarina, se voit contrainte – sans pouvoir élever seule son enfant – de le confier à sa belle-sœur qui réside à Višegrad.

C’est dans cette ville située à la frontière entre la Bosnie et la Serbie qu’il passe son enfance. Ces années vécues au bord de la rivière Drina marqueront à jamais  l’écrivain qui sera émerveillé par le pont de Višegrad, un chef-d’œuvre de l’architecture ottomane.  

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Andrić devant le pont sur la Drina

1903-1912

 Andrić s’inscrit, en 1903, au Grand Lycée de Sarajevo. Il se passionne déjà pour la littérature et lit beaucoup, en particulier les écrivains étrangers : Strindberg, Walt Whitman, J. W. Goethe et, un peu plus tard, le Danois Kierkegaard.

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Andrić (dernier rang, le deuxième à drote) avec des amis, 1912

C’est à Sarajevo aussi qu’il rejoint le cercle des jeunes intellectuels réunis autour d’une organisation révolutionnaire, connue sous le nom de « Mlada Bosna » (Jeune Bosnie), qui lutte pour la réunification des peuples des Slaves du Sud dans un seul Etat. Le membre le plus célèbre de cette organisation fut le jeune étudiant serbe Gavrilo Princip qui, le 28 juin 1914, devait commettre l’attentat contre François Ferdinand, alors prétendant au trône de l’Autriche-Hongrie, un événement qui allait déclencher la Première Guerre mondiale.

1912-1914

Après le lycée, Andrić poursuit ses études d’abord à Zagreb, puis à Vienne et, enfin, à Cracovie, en Pologne.

Au printemps 1914 une association des écrivains à Zagreb publie une anthologie des jeunes poètes croates dans laquelle sont inclus six poèmes d’Andrić.

1914

L’attentat de Sarajevo interrompt ses études et son séjour en Pologne. En apprenant la nouvelle, Andrić prend la décision de regagner aussitôt le pays. Mais, fin juillet, il est arrêté à Split par la police impériale et incarcéré en raison de ses convictions « nationalistes » et son appartenance à l’organisation « Jeune Bosnie ».

1914-1917

Il passera neuf mois dans la prison de Maribor, en Slovénie, puis les autorités autrichiennes l’assigneront à résidence dans un village de Bosnie proche de Travnik, sa ville natale. Au cours de l’été 1917, il est finalement relâché pour raisons de santé.

L’enfermement et la prison impriment de profondes marques sur le jeune écrivain. Il en parlera dans son premier livre – un recueil de poèmes en prose – publié en 1918 sous le titre Ex Ponto.  

1917-1918

Il séjourne à Zagreb où il fonde, avec quelques amis écrivains, la revue littéraire pro-yougoslave « Književni Jug / Le Sud littéraire ».

Durant un séjour à l’hôpital, il fait la connaissance d’un écrivain croate, célèbre à l’époque, Ivo Vojnović ; celui-ci, impressionné, décrira ce « jeune Serbe catholique de Bosnie » comme « une des âmes les plus fines et les plus attachantes que j’ai jamais rencontrées… » 

1919

Andrić déménage à Belgrade devenue la capitale d’un nouvel Etat, constitué en 1918 : Le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (RSCS). Il y commence la carrière de fonctionnaire au Ministère des affaires étrangères.

A Belgrade il est vite intégré dans le milieu littéraire et fréquente de jeunes écrivains avant-gardistes, surtout Miloš Crnjanski qui deviendra plus tard, avec Andrić, l’un des principaux piliers de la littérature serbe du XX e siècle.

C’est à cette époque qu’il décide également d’abandonner la variante ijekavienne du serbo-croate, pratiquée dans sa Bosnie natale, et d’utiliser désormais, dans ses écris, la variante ékavienne en usage en Serbie. Cette décision, ce choix linguistique, aura des conséquences importantes sur l’avenir du jeune écrivain puisque – à partir de ce moment – Andrić évolue dans le cadre de la littérature serbe.

1920

Au début des années 1920, l’écrivain entre dans les services diplomatiques du jeune État  yougoslave où il sera chargé, pendant toute la période de l’entre-deux-guerres, de différentes missions diplomatiques à l’étranger. Dans un premier temps  il est fonctionnaire d’État en Italie, en Roumanie et puis en Autriche.

1924

 A Gratz, il soutient sa thèse de doctorat consacrée à l’histoire culturelle de la Bosnie à l’époque ottomane : Die Entwicklung des geistigen Lebens unter der Einwirkung der türkischen Herrschaft / L’évolution de la vie spirituelle en Bosnie sous la domination turque.  

1926

Sur la proposition de Slobodan Jovanović et Bogdan Popović, d’influents intellectuels serbes de l’époque, Andrić – encore jeune écrivain mais déjà apprécié par la critique – devient membre correspondant de l’Académie serbe des Sciences et des Arts.  

1926-1939

A la fin de l’année 1926, il arrive en France : il est nommé vice-consul au Consulat général yougoslave à Marseille d’où il est muté à Paris avant d’être affecté à un nouveau poste à Madrid et, puis, à Genève. En 1937, il est nommé vice-ministre des Affaires étrangères. La même année, le Président de la République française de l’époque, Albert Lebrun, le fait Grand Officier de la Légion d’Honneur.

Parallèlement à ses activités diplomatiques, Andrić se consacre également, mais avec plus de passion, à l’écriture. Durant la période de l’entre-deux-guerres, il publie trois recueils de nouvelles (en 1924, 1931 et 1936), accueillis avec enthousiasme par la critique yougoslave qui, déjà, considère cet écrivain comme l’un des « représentants les plus notables » de la nouvelle génération littéraire en Yougoslavie.

1939-1941

A la veille de la Deuxième Guerre mondiale, Andrić se voit confier sa dernière mission diplomatique, sans doute aussi la plus difficile. Il est nommé, en avril 1939, au poste de ministre plénipotentiaire de Yougoslavie à Berlin, en Allemagne nazie. Prenant conscience de la nature et du danger de la politique hitlérienne, il se sent mal à l’aise dans la capitale allemande et, au printemps 1941, demande à son ministre de tutelle à Belgrade de le décharger de sa mission devenue trop délicate. Mais sa demande sera refusée.

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Andrić à Berlin, 1940

Le 6 avril 1941, les Allemands bombardent Belgrade. On propose à Andrić de quitter Berlin pour la Suisse, mais il rejette cette offre et, avec tous ses collaborateurs de l’ambassade, rentre à Belgrade où il passera toutes les années de guerre.

1941-1945

Durant les quatre années de guerre, il vit tel un ermite, dans un isolement total à Belgrade sous l’occupation nazie. Il abandonne toute activité publique, y compris la publication de ses écrits, et se refuse à coopérer tant avec l’occupant qu’avec les collaborateurs. Il se consacre alors entièrement à l’écriture.

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Sur une terasse à Belgrade en 1944. A droite, une explosion : les Alliées bombardent Belgrade

1945

Ce n’est qu’à la Libération, en 1945, que l’écrivain sortira de son isolement choisi en faisant paraître en même temps trois romans : Le Pont sur la Drina, La Chronique de Travnik et La Demoiselle. Ces trois livres, et en particulier Le Pont sur la Drina, sont reçus très chaleureusement par le public. La critique, quant à elle, lui fait aussi un accueil élogieux en le considérant comme l’écrivain majeur de la nouvelle Yougoslavie. 

Années d’après-guerre

Devenu « la première plume » de la Yougoslavie socialiste, Andrić est très sollicité par le nouveau pouvoir communiste de Tito qui essaie de renforcer sa crédibilité auprès des intellectuels de renom. Sans avoir une véritable liberté de choix, l’écrivain se rallie au nouveau régime et accepte d’exercer plusieurs fonctions publiques. Ainsi il est activiste du Front populaire, membre de l’organe dirigeant suprême [ « Prezidijum » ] de l’Assemblée populaire de Bosnie-Herzégovine et député à l’Assemblée fédérale de Yougoslavie. En 1954 il adhère officiellement au Parti communiste yougoslave : une décision prise sans trop d’enthousiasme, motivée sans doute par des raisons purement pragmatiques.

Parallèlement avec ces fonctions politiques, Andrić occupe également les postes importants dans des organisations d’écrivains : durant plusieurs années (de 1945 à 1952), il est le président de la Société des écrivains de Yougoslavie avant d’être élu à la tête de l’Association des écrivains de Serbie.

1954

Même s’il est très pris par ses activités publiques, il continue d’écrire, et toujours avec la même abnégation.  Après la publication, dans les années d’après-guerre, de plusieurs récits et textes courts, il fait paraître, en 1954, un nouveau roman – La Cour maudite.  

Années 1950

Au début de la deuxième moitié du XXe siècle, l’écrivain commence enfin à se frayer un chemin sur la scène littéraire internationale. Ses premières grandes œuvres sont traduites à l’étranger, d’abord dans les pays de l’Est et puis, au fur et à mesure, un peu partout dans le monde.

Quant à la France, elle découvre Andrić en 1956 : cette année les éditeurs français publient Le Pont sur la Drina et La Chronique de Travnik, deux de ses dix-huit ouvrages traduits, à ce jour, en français. 

1961

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L’affirmation de l’écrivain sur la scène littéraire internationale et son prestige croissant à l’étranger ne laisse pas indifférente l’Académie royale suédoise qui décide de lui décerner la plus haute distinction littéraire au monde : le 26 octobre 1961, Andrić est officiellement proclamé cinquante-sixième lauréat du prix Nobel.

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Andrić reçoit le Prix Nobel, 1961

Devenu soudainement non seulement célèbre mais aussi riche, Andrić décide de faire un don important à sa Bosnie natale : il offre l’argent reçu au titre du prix Nobel, une somme considérable, pour la promotion de « bibliothèques populaires sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine ». 

1975

Considéré déjà comme un classique vivant, Andrić passe paisiblement les dernières années de sa vie.

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Ivo Andrić (à droite) et Meša Selimović

Vénéré par la critique et adoré par le public, l’écrivain meurt à Belgrade le 13 mars 1975, après trois mois de coma. L’année suivante, 1976, on publie, à titre posthume, trois inédits dont son dernier roman resté inachevé : Omer-pacha Latas.

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Plaque du souvenir dans l'Allée d'Honneur, Nouveau cimetière de Belgrade

 

*Source : Radovan Popović : Ivo Andrić, sa vie,
traduit par Madelaine Stevanov, Zadužbina Ive Andrića, Belgrade, 1988.

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