David Albahari

Mon style 



Albahari putnik

 David Albahari


Mon style est une espèce d’absence de style ou, pour être plus précis, un mélange de styles qui se rattachent aux divers aspects des cultures rock et alternative. Ceci dit, je n’envisage pas uniquement le côté vestimentaire mais aussi le comportement et le rapport global au monde qui nous entoure. En d’autres termes, si le style est notre manière de vivre, le style qui est le mien se compose d’éléments tirés de la culture rock déjà mentionnée, de la fascination pour le bouddhisme zen, de l’attachement à la littérature et à l’héritage juif. Tout cela mis ensemble fait de moi un juif laïc, totalement plongé dans le monde de la littérature, qui se sent le plus à l’aise en jeans et qui pense souvent que « la première idée n’est certes pas la meilleure ».

À ces éléments, il faut ajouter mon penchant pour l’ordre qui me conduit parfois à une minutie outrancière et à un empressement permanent à jouer ledit « avocat du diable ». Ce rôle condescendant et provocateur est souvent le moteur des héros de mes romans, et on lui doit leur humour noir et leur ton sarcastique. Je n’en fais pas un usage démesuré dans la vie réelle, surtout parce que j’opte fréquemment pour la solitude et l’isolement. « L’exil volontaire » dans la solitude fait aussi partie de mon style, et les heures passées « volontairement exilé » de la société constituent bien souvent mes instants les plus précieux.

Trois choses – le titre d’un livre, un proverbe latin, et une maxime du Talmud – sont particulièrement responsables de l’évolution de mon style. Le titre du livre est Sois bon jusqu’à ta mort [Budi dobar do svoje smrti] et je considère depuis toujours que c’est là le maximum que l’on puisse faire de sa vie. Le proverbe latin « Periculum in mora est » (Le danger est dans la temporisation) détermine depuis le lycée mon rapport aux obligations professionnelles. Et, enfin, la maxime du Talmud « Apprends ta langue à dire : Je ne sais pas » s’est révélée dans ma vie publique une conseillère sans pareille qui, inlassablement, m’appelle à la modération et à la bonne volonté. À dire vrai, et à y mieux réfléchir, dire « Je ne sais pas » au moment opportun, voilà précisément mon style.

Traduit du serbe par Alain Cappon

In David Albahari, Ljudi, gradovi i štošta drugo [Les gens, les villes et bien d'autres choses], Novi Sad, Dnevnik, 2011, p. 123-124. 

Date de publication : décembre 2015

 

Date de publication : décembre 2015

DOSSIER SPÉCIAL : DAVID ALBAHARI

 

Date de publication : juillet 2014

 

> DOSSIER SPÉCIAL : la Grande Guerre
- See more at: http://serbica.u-bordeaux3.fr/index.php/revue/sous-la-loupe/164-revue/articles--critiques--essais/764-boris-lazic-les-ecrivains-de-la-grande-guerre#sthash.S0uYQ00L.dpuf

Le poème titré "Salut à la Serbie", écrit en janvier 1916, fut lu par son auteur Jean Richepin (1849-1926) lors de la manifestation pro-serbe des alliés, organisée le 27 janvier 1916 (jour de la Fête nationale serbe de Saint-Sava), dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. A cette manifestation assistèrent, â côté de 3000 personnes, Raymond Poincaré et des ambassadeurs et/ou représentants des pays alliés.

Grace à l’amabilité de Mme Sigolène Franchet d’Espèrey-Vujić, propriétaire de l’original manuscrit de ce poème faisant partie de sa collection personnelle, Serbica est en mesure de présenter à ses lecteurs également la photographie de la première page du manuscrit du "Salut à la Serbie".

 Mentions légales
UMB logo Bx CLARE logo logoMSHA Logo MKS
Designed by JoomShaper